La ville d’Oruro…plus que le seul Carnaval !!

Publié le par Patrick Lachapelle et Annie Lapierre

La ville d’Oruro est située à plus de 3700m d’altitude en plein cœur de l’Altiplano Bolivien. Reconnu pour ses froideurs et sa présence en zone inhospitalière, la ville est généralement reconnue que par son célèbre Carnaval : le Carnaval d’Oruro. Deuxième carnaval en importance en Amérique, après le Carnaval de Rio, la ville andine s’anime de danseurs, musiciens, démons et archanges, durant une semaine généralement en fin de février ou début mars, chaque année. Les murs de la ville rappellent qu’il s’agit d’un événement reconnu comme Patrimoine mondiale culturel de l’Unesco. Paraitrait-il que plus d’un million de personnes viennent y dévaler les rues…Il va s’en dire que pour une ville de moins de 300 000 habitants, la période du Carnaval, la ville est méconnaissable. Nous attendons cet événement avec grand enthousiasme!!

 

En dehors du Carnaval, en général, l’on semble reconnaître peu de vertus et beautés à la ville andine d’Oruro. Avant notre départ, Annie et moi ne trouvèrent que très peu d’informations sur cette cité perdus entre deux immenses chaines montagneuses…Comme si cette ville n’existait en réalité que pour environ une semaine, que pour le Carnaval. Les sites webs dans nos recherches parlaient d’une ville fade, sans intérêts…une ville de transition, sans plus. Et bien qu’il soit vrai qu’Oruro est excessivement central et bien situé, faisant d’elle un point de transit intéressant, selon nous, Oruro possède d’innombrables charmes. Pour y vivre depuis déjà un mois, nous nous devons de réfuter ces dires réduisant Oruro a une insipide croisée des chemins entre d’autres villes plus dignes de visite. Non. Oruro est une ville excessivement vivante (bon, à part le dimanche ou la ville est fantomatique, animé de la présence de seulement quelques femmes aymaras vendant des oranges au coin des rues!!).

 

Bon, certes que nous devons redéfinir le qualificatif de vibrant. Non, Oruro n’est pas la ville des milles néons, des bars excentriques aux ambiances diversifiées, aux théâtres chaque soir, etc., mais cet ilot de civilisation vibre de sa culture artistique et musical qui est omniprésente dans ses rues étroites et colorées. Au moins 3 fois par semaine, ses rues froides se réchauffent de la présence de centaines de gens attroupés pour danser ou jouer de la musique alors que des fanfares immenses dévalent dans ses sombres rues. Dynamite, pétards, chants et musique s’enchevêtrent pour former des spectacles ahurissants…c’est notamment pour cette raison que des centaines de gens s’attroupent, émerveillés, pour se régaler de ce délice visuel et sonore. Avis aux touristes, si vous séjourner quelques jours à Oruro, attendez vous à ce que vers 21h, alors que la ville semble s’endormir lentement, vous vous fassiez surprendre par une fanfare monstre, digne des fanfares festives ou royales européennes.

 

Bon, il est vrai que des efforts doivent être déployés pour véritablement en faire un centre touristique majeur dans la région, mais le potentiel y est inéluctablement. La ville est située dans une région magnifique, au cœur d’innombrables attraits touristiques, et ce, autant pour la famille tranquille que pour l’aventurier extrême. La ville même, en marge du Carnaval, possède plusieurs attraits. Parmi ceux-ci, nommons les églises et cathédrales magistrales, l’histoire minière dont celle du richissime bolivien Simon Patno, surnommé le baron de l’étain et qui fut, au XIXe siècle, le 3e homme plus riche du monde de par ses mines d’étains dans la région, ses marchés publiques reconnus nationalement, et plusieurs autres sites d’intérêts.

 

Au niveau culinaire, bien qu’elle pourrait certainement posséder une plus grande diversité, Oruro demeure un lieu très intéressant pour déguster des plats andins typiques. Que ce soit le Charquecan, la boisson chaude de mais dénommé hapi, ou encore la poutine andine Pique Macho (mais qui, hélas, ne rassasie par pour une vrai de vrai poutine québécoise, avec du fromage skuwish skuwish!!), vous y trouverez de la vrai nourriture local. Également, le coût de la vie est très abordable à Oruro, particulièrement si l’on compare avec La Paz (qui demeure malgré tout très abordable selon les standards nord-américains). À l’heure de l’Almuerzo (diner), il est ainsi possible de littéralement rouler hors de table pour un modeste 1$US!! Et il en va de même pour tout autre bien de consommation. Il faut cependant noter que la diversité n’y est pas, alors il fait un bien incommensurable d’aller faire quelques provision de pâtés, pâtes, pains céréaliers et autres, dans les villes mieux desservie comme La Paz ou Cochabamba.

 

Et finalement, je conclurais en parlant du froid, car après tout, n’importe quel Bolivien vivant ailleurs que cette région andine vous dirait qu’Oruro est alta fria (grand froid). Ce qui est vrai, du moins les soirs et matinées ou la température hivernale tombe sous la barre des zéros. Cependant, dès 10h-11h, le soleil frappe de plein fouet. Il est alors temps d’enlever les chandails chauds, tuques et foulards, car la température grimpe régulièrement au-dessus des 15 degrés. Cela dit, durant la nuit, il faut bien se vêtir…et ce, même dans les appartements. En fait, presqu’aucune habitation est équipé d’un système de chauffage! Il faut alors seulement espérer que la estufa de gas (chauffrette au gaz) va durer aussi longtemps que nous ne sommes pas sous les épaisses couches de couvertes (Annie et moi avons 8 couvertures-draps sur le lit, et certaines nuits, j’aurais pris volontiers mon sac de couchage hivernal…qui est hélas resté au Canada!!!). Vous pouvez ainsi vous imaginer que tout devient un sport, une course, une lutte contre le froid…prendre sa douche est suicidaire, se changer est mortel, et le café matinal, faut le boire vite avant qu’il devienne un Ice Capuccino!! Pour vous dire comment il fait froid dans l’appartement, nous n’avons guère besoin du frigo…l’huile d’olive est inutilisable, car elle est figé comme du beurre!! Hé nous qui croyons qu’il faisait froid au Canada…Je n’ai pas eu froid comme cela, même en motoneige à -40 degré dans les Territoires du Nord-Ouest Canadien!! Hahaha!! Nous vous laissons, sur quelques images de la ville!

 

 

Anecdote :

En réalité, la ville aurait du se prévaloir du nom d’Uru-Uro, en l’honneur d’un peuple autochtone vivant la région du lac de même nom, mais dont les espagnols, comme tout bon peuple conquérant, en plus de modifier à tout jamais les décors, les peuples, les traditions, déformèrent le nom de ce lieu (comme de maints autres d’ailleurs).

 

 

Publié dans Juillet 2008

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